[Chronique écrite le 27.09.2022, pour Cybercoachs et Le Nouvelliste] Récemment, Pacsun, une marque de vente de vêtements pour les jeunes, a choisi d’utiliser comme ambassadrice de sa marque, Lil Miquela, une influenceuse virtuelle suivie par près de 4 millions de personnes. Selon la marque, cette influenceuse virtuelle a plus de potentiel d’engagement auprès de ses publics cibles que pourrait en avoir une personne réelle. Mais Pacsun n’est qu’un exemple, dans les faits, toutes les générations sont concernées. Nous allons être de plus en plus en contact avec des personnes qui n’existent pas dans le monde physique, par le biais de profils créés par des intelligences artificielles et d’agents conversationnels (chatbots) reposants sur celle-ci. Ce constat doit nous questionner sur notre relation du virtuel au réel.
L’accès à des mondes virtuels hyperréalistes, que l’on pourra modeler selon des envies et attentes qui seraient illusoires ou irréalistes dans notre monde physique, risque de créer une forme de rêve éveillé dont certains pourraient avoir de la peine à sortir pour se confronter aux contraintes bien réelles de notre monde physique. Il est donc important d’évaluer l’impact que pourrait avoir le métavers sur leurs capacités psycho cognitives.
Néanmoins, que ça soit pour le métavers, ou pour la réalité virtuelle, ces outils ne font que proposer d’autres formes d’alternatives au « réel » basées sur l’exploration de « mondes », qu’ils soient fictifs ou pas. Ce qui n’est pas tellement différent de ce que nous faisons chaque nuit à travers nos rêves… certains utilisent l’alcool ou les drogues pour créer des échappatoires à leur réalité, d’autres vont jusqu’au suicide, malheureusement…
Pour Niels Weber, Psychothérapeute spécialisé en hyperconnectivité, il ne faut pas créer une opposition entre le réel et le virtuel. Il serait plus adapté de considérer des différences de contextes tangibles ou numériques. Ainsi les enfants peuvent aisément comprendre que selon les contextes, les comportements ne sont pas les mêmes. Mais qu’un accompagnement demeure indispensable pour apprendre les risques inhérents à chacun d’eux.
Il faut bien sûr aborder ces évolutions avec un regard critique, mais dans le but de pouvoir accompagner au mieux les jeunes générations (entre autres), à développer leur aptitude à discerner le réel du virtuel, ainsi que dans leur compréhension de leur fonctionnement psycho cognitif. Cette matière doit être considérée comme une composante de l’éducation aux médias et à l’information à part entière.