[Chronique écrite le 21.02.2023, pour Cybercoachs et Le Nouvelliste] Que ça soit dans le domaine de la prévention, dans les écoles ou encore dans les médias, fréquemment, on entend ou lit souvent : « les réseaux sociaux, ce n’est pas la vraie vie », ou une distinction entre « monde virtuel et monde réel ». Il s’agit d’une erreur de langage et d’appréciation qui n’est pas sans conséquences sur l’éducation des jeunes générations.
Que ça soit dans le domaine de la prévention, dans les écoles ou encore dans les médias, fréquemment, on entend ou lit souvent : « les réseaux sociaux, ce n’est pas la vraie vie », ou une distinction entre « monde virtuel et monde réel ». Il s’agit d’une erreur de langage et d’appréciation qui n’est pas sans conséquences sur l’éducation des jeunes générations.
Cette dichotomie entre le monde physique et le monde numérique est non seulement une source de confusion pour les jeunes générations et leurs parents, mais c’est aussi en contradiction avec l’idée même de citoyenneté numérique, dont le concept est enseigné non seulement au niveau européen, mais aussi au sein du système éducatif en Suisse. La citoyenneté numérique se réfère, entre autres, à la capacité de s’engager positivement, de manière critique et compétente dans l’environnement numérique, afin de pratiquer des formes de participation sociale respectueuses des droits humains et de la dignité, grâce à une utilisation responsable de la technologie.
Dans les usages que l’on en fait, Internet et les réseaux sociaux numériques ne sont pas virtuels, car ils font partie de notre réalité quotidienne. Ils ont un impact sur nos vies, nos relations et nos activités, que ce soit dans le domaine professionnel, éducatif ou personnel. Les émotions que l’on ressent sur les plateformes sociales sont également bien réelles, car elles reflètent nos interactions avec les autres membres de la communauté en ligne. De même que les réseaux sociaux numériques sont devenus des espaces de socialisation importants pour de nombreuses personnes, notamment les jeunes générations. Relativiser l’importance de cette réalité revient de facto à leur faire relativiser leur responsabilité concernant le poids des mots et la portée des propos qu’ils échangent par le biais des plateformes numériques, alors même que, paradoxalement, on veut les rendre conscients qu’ils peuvent faire face à des sanctions pénales suivant la nature de ces échanges ou des comportements qu’ils adoptent en ligne.
Le cyberharcèlement, les propos haineux, la diffusion de contenus intimes sans le consentement des personnes concernées ont des conséquences bien réelles sur la vie des personnes qui sont victimes de ces comportements. Car, oui, il s’agit bien de comportements. Repousser la réalité des problèmes rendus plus visibles sur les réseaux sociaux numériques, c’est aussi nier leur existence au sein de notre société alors que beaucoup des maux du numérique trouvent leurs racines dans notre monde physique.
Stéphane Koch