[Chronique écrite le 29.11.2020, pour Cybercoachs et Le Nouvelliste] La crise de la COVID19 nous a mis face à une déferlante ininterrompue d’informations. Il est devenu difficile de distinguer l’information de qualité, celle-ci étant noyée sous les flots des commentaires et autres formes de contenus produits et partagés par tout un chacun.
L’analyse des faits s’est fait balayer par la déferlante des opinions et autres contrevérités. L’émotion a pris le pas sur le factuel. Comme si toute la connaissance acquise au fil des siècles pouvait être balayée d’un simple clic. Comme si la seule vérité qui puisse exister aux yeux de certains est celle qui se forge dans la subjectivité de leurs croyances.
Loin de moi l’idée de porter un regard trop critique sur ceux qui sont parfois un peu trop crédules. Il n’est en effet pas simple de faire la part des choses. Que ça soit entre les médias classiques et les médias autoproclamés. Ou ces journalistes qui partagent leur opinion sur les réseaux sociaux, tout en la contredisant parfois dans les contenus des articles qu’ils rédigent sous leur casquette professionnelle. Ou encore ces quelques médecins, scientifiques, et autres « experts » pétris de certitudes, qui viennent nous dire ô combien leurs milliers de confrères sont incompétents à trouver cette « vérité » qu’ils ont pourtant découverte entre deux plateaux télé.
Néanmoins, il existe une solution à cette forme de liquéfaction de la vérité. Elle se trouve dans l’éducation. Plus particulièrement dans l’enseignement à l’esprit critique. Cette matière devrait même devenir une priorité nationale. Car, comme le dit Eirick Prairat, philosophe de l’éducation : « S’il est une institution en première ligne, c’est bien l’école. Car, si cette dernière a pour tâche de transmettre des vérités scientifiques et des vérités de fait, ce que l’on appelle un patrimoine symbolique et intellectuel, elle a aussi pour tâche de former le citoyen, un citoyen acteur dans les débats publics. Ces deux missions ne sont pas disjointes, car ce n’est que sur fond d’une culture partagée que les controverses politiques sont possibles et… utiles. Dans une société où la désinformation et le manque d’esprit critique prennent le pas sur la recherche, il devient urgent de se poser les questions essentielles. Les post-vérités ou idées haineuses, très souvent loin des faits, peuvent gangrener l’École ».
Stéphane Koch