
Document de Briefing : Littératie Numérique et Impact des Médias sur les Jeunes
Introduction
Ce document de briefing synthétise les principales thématiques abordées dans les sources fournies, l’objectif est de fournir une vue d’ensemble claire et concise des enjeux liés à l’utilisation des médias numériques par les jeunes, en Suisse et ailleurs. Nous aborderons l’usage des outils numériques, l’impact sur le bien-être, la responsabilité des acteurs, et les pistes pour une éducation numérique pertinente.
1. Usages des outils numériques et loisirs des jeunes
- Diversité des activités : Les jeunes ont des activités de loisirs variées, allant du sport à la culture, en passant par le numérique. Les loisirs numériques se font souvent en solitaire, tandis que d’autres activités comme les discussions entre amis, le sport, les sorties et la cuisine, favorisent l’interaction sociale.
« En bref, les jeunes privilégient les activités qui favorisent l’interaction sociale, l’activité physique et le partage d’expériences avec leurs amis. »
- L’importance du smartphone : Le taux de possession de smartphones est de 99% chez les jeunes en Suisse. L’utilisation moyenne est de 3 heures par jour en semaine et 4 heures le weekend.
- Réseaux sociaux favoris : Instagram et TikTok sont les réseaux sociaux les plus utilisés par les jeunes, avec une utilisation quotidienne fréquente. YouTube est également populaire pour le divertissement.
« Plus de la moitié des jeunes se retrouvent même plusieurs fois par jour sur Instagram et TikTok. »
- Écriture numérique: L’écriture des ados se diversifie entre messages, publications en ligne, textes créatifs, paroles de chanson, et l’écriture manuscrite qui est toujours estimée, plus lente et utilisée pour les grandes occasions. « Les jeunes enquêtés ne se revendiquent pas comme des adeptes radicaux d’une modernité technologique, mais usent alternativement des différents formats à leur disposition, en distinguant assez clairement leurs intérêts respectifs. »
- Réseaux sociaux et prescription littéraire: TikTok et Instagram, avec #BookTok et #Bookstagram, ont réinventé la prescription littéraire, propulsant certains livres en tête des ventes.
2. Impacts sur le bien-être et la santé mentale
- Pas d’épidémie avérée de maladies mentales : Les études récentes montrent que l’utilisation des médias sociaux n’est pas une cause directe de dépression chez les adolescents. Il semblerait plutôt que les jeunes ayant déjà des problèmes de santé mentale aient tendance à utiliser davantage ces plateformes.
« Lorsque des associations au fil du temps sont trouvées, elles suggèrent non pas que l’utilisation des médias sociaux prédit ou provoque la dépression, mais que les jeunes qui ont déjà des problèmes de santé mentale utilisent ces plateformes plus souvent ou de manière différente que leurs pairs en bonne santé. »
- Variations culturelles : Les études doivent tenir compte du contexte culturel, car les usages des outils numériques varient selon les pays.
- Usage problématique : Il est important de parler d’usage excessif ou inapproprié plutôt que d’addiction. Les facteurs à considérer sont la fatigue à l’école, la capacité à suivre les cours, à faire les devoirs, à se reposer et à avoir une vie sociale. L’important n’est pas le nombre d’heures, mais ce qu’on y fait et comment cela impacte la vie de la personne.
- Jeux vidéo : Les jeux vidéo peuvent favoriser le développement des fonctions cognitives et les interactions sociales via des communautés en ligne.
- Accompagnement psychologique via l’IA: L’IA est de plus en plus utilisée pour offrir un soutien psychologique constant, mais l’humain reste essentiel pour certains, en raison du manque d’humanité des réponses de l’IA.
3. Responsabilité et éducation
- Responsabilité des parents et des enseignants : Il est crucial de ne pas interdire, mais d’accompagner et de réguler l’utilisation des écrans. Il faut distinguer l’objet de l’usage qui en est fait et sensibiliser les jeunes à un usage responsable. « Quand on parle « d’écrans » il faudrait distinguer l’objet de l’usage qui en est fait. »
- Littératie numérique : L’éducation à la littératie numérique est essentielle pour développer l’esprit critique, le discernement face aux contenus et devenir un citoyen numérique responsable.
« Il est important de porter un regard aussi neutre que possible sur la technologie et les usages qui en résultent. »
- Exemplarité des adultes : Les adultes doivent montrer l’exemple, notamment en équilibrant leur propre usage des écrans et en respectant les règles qu’ils imposent aux enfants.
- Critique face à la désinformation : Il est primordial d’aider les jeunes à décoder l’info scientifique, en évaluant la source, la méthodologie, les biais potentiels et les limites d’une étude.
- Accompagnement et cadre : Il est recommandé de définir les besoins à satisfaire lors de l’acquisition d’un smartphone, d’impliquer et de responsabiliser l’enfant dans cette décision, et de négocier un droit de regard de manière consensuelle.
- Citoyenneté numérique: Il faut enseigner les valeurs de respect, égalité et empathie dans l’espace numérique, tout comme il est fait dans le monde physique.
4. Aspects légaux et protection de la vie privée
- Droit à l’image : Les parents doivent être conscients des risques et conséquences de créer une identité numérique pour leurs enfants et doivent les laisser libres de décider de ce qu’ils en feront plus tard.
- Responsabilité sur les réseaux sociaux : « Liker » ou partager des propos répréhensibles peut engager la responsabilité juridique de l’individu. Les injures numériques restent et incitent plus facilement à porter plainte. « Une capture d’écran suffit à ancrer la réalité d’une injure dans l’espace numérique. »
- Liberté d’expression et limites: Il n’existe aucun droit humain qui permette d’attenter à la dignité humaine. La liberté d’expression n’autorise pas l’incitation à la haine, la diffamation, la calomnie, etc.
- Sexting et consentement : Le « oui » obtenu par chantage affectif n’est pas un consentement. Le consentement sexuel est un processus continu. Envoyer des contenus intimes sans avoir été sollicité est de nature pénale.
- Violences numériques : Il est important de faire comprendre aux jeunes que le fait de fouiller le mobile de son conjoint est une forme de violence. La confiance, c’est quand la personne n’a pas besoin de surveiller les interactions sociales de l’autre.
- Pornodivulgation et responsabilité : Il est injuste de blâmer les victimes de pornodivulgation. La responsabilité incombe entièrement à la personne à l’origine de la diffusion non consentie de contenus intimes.
- Risques liés à l’IA : Les deepfakes et la manipulation d’images sont une nouvelle forme de violence. Déshabiller virtuellement une personne sans son accord est une violation de son intimité et de sa dignité. La banalisation de l’IA banalise la violence.
5. Régulation des plateformes
- Digital Services Act (DSA) : Le DSA, entré en vigueur dans l’UE, impose des obligations aux très grandes plateformes en ligne en matière de modération des contenus, transparence et protection des mineurs.
- Modération et cadre légal : Il existe une distinction essentielle entre les conditions d’utilisation des plateformes et le cadre légal, qui impose des obligations plus strictes. Les lenteurs des procédures judiciaires peuvent limiter l’application du droit, même lorsque la loi donne raison aux victimes.
- Appels Centre Europe: Une nouvelle instance de recours extrajudiciaire a été créée pour traiter les contestations relatives aux décisions des grandes plateformes en matière de harcèlement, d’incitation à la haine ou de suppression de comptes.
6. Points de vigilance
- Désirabilité sociale et filtres : Il est important de reconnaître les effets négatifs potentiels de la désirabilité sociale et des injonctions liées à l’apparence, et de valoriser l’authenticité.
- Sexting et sécurité : Lors du sexting, il faut éviter de communiquer des informations personnelles et être conscient des risques liés à la perte de contrôle des contenus.
- Masculinisme toxique : Il est important de lutter contre l’inertie d’un double standard en matière de sexualité et de ne pas laisser les agresseurs dicter les choix vestimentaires des femmes.
Conclusion
L’utilisation des médias numériques par les jeunes est un sujet complexe et multifactoriel. Il est essentiel d’adopter une approche nuancée, en évitant les discours alarmistes non fondés. L’éducation à la littératie numérique, la responsabilité des adultes, et la régulation des plateformes sont des leviers importants pour permettre aux jeunes de bénéficier des opportunités offertes par le numérique, tout en les protégeant des risques potentiels. Il faut avant tout se concentrer sur les usages, plutôt que sur les outils.
Ce document de briefing a pour but de servir de base pour initier des discussions approfondies sur les défis et les opportunités posés par l’ère numérique.