Les médias se font les portes paroles d’Apple, alors que les clients sont pris pour des pommes.
On ne pouvait que constater le fait en parcourant l’actualité des différents quotidiens suisses samedi matin, ou après avoir écouté les le 19:30 le soir d’avant… Pour les spécialistes, Apple avait réussi son coup, pour le commun des mortels la demande avait été tellement forte que cela avait entraîné une rupture de stock…
Dans la réalité des faits cela faisait évidemment partie de la stratégie marketing d’Apple… Swisscom, selon des informations fournies par leur service client, n’avait reçu que 7000 iPhones pour fournir ses clients vendredi, Apple ne voulant pas en livrer plus… Selon un revendeur, la société à la pomme en aurait accordé 15 000 en tout et pour tout pour l’ensemble du marché suisse, tout opérateurs et revendeurs confondus.
Pourquoi tant d’insistance sur ces chiffres… ? Pour deux raisons, la première est que n’importe quel journaliste aurait pu obtenir ces informations, et en tenir compte dans la couverture de « l’iPhone messe », car il était évident que ce qu’Apple, en n’alimentant pas correctement ces fournisseurs, cherchait à instrumentaliser les médias de manière à ce que ceux-ci reproduisent docilement cette soi-disant rupture de stock dans leur actualité ; ce qui a été fait, même par ceux considérés comme étant les plus sérieux d’entre eux.
Il en va de même pour les tests de l’iPhone faits par des journalistes « triés sur le volet » par Apple. Excepté celui de Nicolas Rossé, de la TSR, ces tests étaient en dessous de tout, et ceci malgré que les journalistes choisis aient reçu un iPhone 7 jours avant sa sortie officielle… On est en droit, en tant que lecteurs d’attendre un regard plus critique de la part des journalistes. À l’heure où tous les coups sont permis au nom de la captation de l’attention, au détriment de l’information. À l’heure où le participatif modifie la perception de l’information. Il en va de la crédibilité de la profession…
La deuxième raison se situe au niveau du consommateur. En ne voulant pas fournir plus d’appareil à ses revendeurs, Apple a volontairement et en connaissance de cause privilégié sa stratégie marketing au détriment de ses clients. De plus, en refusant de vendre l’iPhone directement à ses clients, Apple a permis aux opérateurs de verrouiller le marché et de vendre un iPhone, sans plan tarifaire, au minimum entre le double et le triple du prix officiel que la firme avait indiqué pour la Suisse (chez Swisscom 519.- avec une carte à prépaiement, bloquée 24 sur l’opérateur, et chez Orange sans plans tarifaires 759.-).
Apple ne se comporte pas bien envers ses clients, car quelque part, en achetant l’iPhone, nous devenons des actionnaires d’Apple, et sans nous, la firme à la pomme aurait pris quelques rides.
Stéphane Koch, le 12.07.08